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Ils ont tous craqué !

Le 24 septembre 2021, des toxicomanes ont été évacués du jardin d’Eole (Paris 18ème) vers un square en bordure du périphérique. Cela entraîne une vague de peur et d’indignation dans la banlieue nord-est...


Crédit: LCI


Le crack à Pantin


Le vendredi 24 septembre, dans le 19e arrondissement de Paris, une opération de police est lancée pour évacuer les toxicomanes du jardin d’Eole. Ces derniers sont, pour la plupart, transportés vers un autre square plus proche de la banlieue nord-est. Situé en bordure du périphérique, le dit square jouxte les villes de Pantin et d’Aubervilliers. Si un mur a été construit sur ordre du préfet pour empêcher les consommateurs de crack de pénétrer ces villes, il n’empêche que le problème a été déporté vers la banlieue. Chez les riverains, comme chez les élus (Karine Franclet, maire d’Aubervilliers et Bertrand Kern à Pantin), cela a provoqué une vague d’indignation. En effet, pour Pantin (principalement au nord de la ville) qui est déjà concernée par le trafic de stupéfiants (autres que le crack), cette nouvelle proximité risque très fortement d’accentuer le phénomène. À Pantin, les habitants se sentent abandonnés et ont le sentiment que leur ville est considérée comme “une poubelle”.

Le mur, quant à lui, prend l’allure de son homonyme berlinois dans la presse, et le préfet de Paris (Didier Lallemand) ainsi que son supérieur, le ministre de l’intérieur (Gérard Darmanin), sont très critiqués. Sur le pâle mur de parpaings, trône ainsi l’inscription “Le mur de la honte, merci Darmanin”. Il est en effet vrai que ce mur paraît être une mesure parfaitement dérisoire pour empêcher le passage des consommateurs de crack.


Un problème qui dure…


Depuis plus de trente ans, le crack sévit à Paris. Dans les années 1980 voire 1990, cette drogue fait son apparition à Paris accompagnée par les drogués qui en résultent. A l’origine, les premiers camps sont à Stalingrad et y restent longtemps malgré les tentatives d’évacuations des CRS. Ils s’installent ensuite dans un autre quartier de Paris, sur la tristement célèbre “colline du crack” à Porte de la Chapelle, où ils se mêlent aux migrants qui deviennent alors consommateurs. Encore une fois, ils sont de nombreuses fois évacués mais le camp se reforme toujours quelques mètres plus loin. Bien que n’étant jamais totalement parti de Stalingrad, il reviennent en 2020, puis sont déplacés aux jardins d’Eole.

Tous ces camps ont des points communs, parmi lesquels les nuisances, la saleté et la pauvreté qui y règnent. En effet, d’une part, il s’agit de lieux insalubres, infestés, qui sont propices au développement de maladies: les toxicomanes y vivent mal, et d’autre part, ces personnes causent des problèmes comme l’insécurité et le délabrement des quartiers où ils s’installent. Un autre point commun est l’inefficacité des forces de l'ordre et des institutions face à la prolifération de cette drogue. Ainsi, à chaque fois, le problème est déplacé sans trouver de solutions viables.


Le crack et ses dangers


Le crack est une drogue dure et peu chère. En effet, c’est un dérivé de la cocaïne particulièrement nocif qui se fume à l’aide de pipes à air (son nom vient d’ailleurs du bruit qu’il fait en chauffant). Le crack est particulièrement addictif; on y est accro quasiment immédiatement. Les effets du crack sont très violents, encore plus que la cocaïne. Il s’agit d’une des pires drogues tant le préjudice est important, elle entraîne un profond mal-être, une grande anxiété ou encore des dépressions.


Les propositions actuelles


Ce problème dure donc depuis des décennies, et plusieurs solutions ont été évoquées sans être mises en place. Mais l’approche des élections présidentielles a remis ce dossier au cœur des débats, notamment pour la maire de Paris, Anne Hidalgo, possible candidate à la présidence, expliquant la récente évacuation.

Néanmoins, cette dernière et la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, se rejettent mutuellement la responsabilité; et tous les acteurs politiques se livrent une lutte sur le sujet.

Malgré leur implication, le nombre de propositions reste insuffisant et elles ne semblent pas convenir. Pour Anne Hidalgo, il faudrait mettre en place des salles de consommation à moindre risque, aussi connues sous le nom de “salles de shoot”, c'est-à-dire des lieux où les toxicomanes pourraient consommer leurs drogues dans des conditions sanitaires décentes. Cette piste est largement soutenue à la mairie, mais le préfet de police Didier Lallement et la droite s’opposent à elle. Des lieux où mettre en place ces salles ont été envisagés. Valérie Pécresse, en déplacement à Pantin suite à la construction du mur, proposerait plutôt la mise en place de structures de soins adaptées et non des salles qui, selon elle, encouragerait la consommation. Actuellement, seules des solutions à court terme ont été appliquées, comme par exemple l’évacuation du 24 septembre et son mur.

Le maire de Pantin, interviewé par Europe 1, a dénoncé ce manque de solutions. Il a notamment publié, avec une trentaine d’élus dont le député de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud, une lettre ouverte adressée au premier ministre Jean Castex.


écrit par Thomas

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